- Trail & performance

Rencontre avec Nicolas Plain, passionné de parapente

Nicolas Plain en parapente 

La France compte plus de 28000 licenciés en parapente, aussi appelé « vol libre ». C’est une discipline assez récente puisqu’elle est née dans les années 70-80 en Haute-Savoie.

Toi, Nicolas, tu pratiques ce sport, mais aussi plus particulièrement le « hike & fly », le « marche & vole ».

C'est quoi le hike and fly ?

Le principe du « hike and fly » est simple : on monte à pied (« hike »), on descend en parapente  (« fly ») !
Cela se pratique sur une ou plusieurs journées.

Le « marche et vol à la journée » se pratique en solo ou en bi-place. On essaie d’enchaîner les sommets sur une journée, par exemple les 4 sommets de Chartreuse avec la Dent de Crolles, le Grand Som, le Charmant Som, Chamechaude. A chaque fois, on se pose en bas de chaque sommet, on accède au sommet en randonnée et on redécolle du sommet.

Il y a aussi le vol bivouac où on va partir plusieurs jours pour traverser des massifs entiers comme les Alpes.

C’est une discipline de plus en plus pratiquée car on a vu une évolution de matériel assez incroyable avec des voiles à la fois très légères et très performantes. La mienne par exemple pèse 2,8 kg. Si on rajoute 1 à 2 kg pour la sellette, moins d’un kilo pour la voile de secours, on arrive à un matériel qui pèse un peu moins de 6 kg.
On peut faire des centaines de mètres de dénivelé à la journée (2000-3000 D+) car on a un sac qui n’est pas très lourd.

Je trouve que c’est vraiment complémentaire de marcher et de voler : on touche le sol, la terre, puis ensuite on a envie de s’envoler… On fait vraiment corps avec la nature et on a des sensations incroyables et on profite de paysages de fou ! 

Quelles principales qualités cela requiert-il ?

Le parapente c’est une formidable formation car ça requiert énormément qualités :
- En acrobatie : il faut savoir maitriser ses émotions, agir vite, prendre les bonnes décisions rapidement
- En cross/vol de distance : il faut prendre les bonnes décisions au bon moment. Ce sont des vols qui sont épuisants car on prend des décisions sans arrêt en vol.

C’est donc une formidable formation à la prise de décision, à l’engagement et aussi à la patience. Il faut faire corps avec la nature, savoir ralentir son rythme et être persévérant dans sa progression.  Ne surtout pas s’emballer.

A quel âge as-tu fait ton 1er vol ? 

J’ai fait mon 1er vol il y a une dizaine d’années.
Il y a plus de 12 ans, j’ai intégré l’armée de l’air pour devenir pilote de chasse car c’était mon rêve. J’ai volé en Mirage 2000 et en Alpha Jet. C’était un métier que j’idéalisais mais qui finalement ne correspondait pas à mes réelles attentes.
J’ai essayé l’avion, le planeur… et un jour, j’ai vu passer un parapente au-dessus de mon village à Saint Paul de Varces et ça m’a donné envie. J’ai essayé et ça a fait tilt ! Avec un « mouchoir » dans le sac à dos, on peut vraiment s’envoler de partout et voler jusqu’à 30 km/h tout en étant proche de la nature. C’est quelque chose qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

As-tu des formations spécifiques ?

J’ai fait beaucoup d’acrobaties en parapente, ce qui est très formateur. J’ai terminé 8e aux championnats de France d’acrobaties. Ça permet d’apprendre à bien gérer sa voile.
J’ai aussi fait des grands vols en parcourant plus de 260 km de kilomètres en triangle.

Exemple : Départ St Hilaire du Touvet – Mont Aiguille – La Tournette – St Hilaire du Touvet.

On passe plus de 10h en vol et on traverse 4-5 massifs avec des moments forts, intenses qui font la beauté du parapente. On ne sait jamais si on va trouver des thermiques adéquats, des courants ascendants pour terminer son programme de vol ou si on va devoir atterrir plus tôt que prévu et avoir du mal à rentrer !

En parapente, il y a beaucoup de disciplines ou de variétés :
- Le vol plaisir
- Le vol montagne où on décolle d’un sommet
- Le vol alpiniste en allant au Mont-Blanc, Mont-Blanc du Tacul, la Barre des Ecrins
- L’acrobatie pour les sensations
- Le vol de distance
- Le vol à ski…

C’est un monde infini et on apprend tout le temps.

Quelle préparation ça exige ?

Le parapente exige une préparation physique afin d’avoir de l’endurance pour les vols longue distance et être moins fatigué à l’arrivée. C’est aussi une préparation en terme de connaissances : micro aérologie, modèles météos…

Quel matériel utilises-tu ?

C’est un matériel particulier pour chaque discipline :
- Acrobatie : petite voile très énergique.
- Cross : voile performante avec une grosse sellette confortable.
- Alpi : toute petite voile, toute légère, toute petite sellette et sans parachute de secours pour s’alléger au maximum.
- Vol bivouac : un matériel léger, résistant. 

Comme on a un sac assez lourd (15-20 km), c’est bien d’avoir des bâtons de marche très légers et résistants pour faire les parties à pied. Hors de question qu’on casse un brin au milieu de notre aventure et qu’on soit sans bâton au départ d’une montée de 3000 D+ !
Les bâtons 3 brins Guidetti Aéro Perf sont parfaits pour ça. Ils sont à la fois légers, faciles à mettre en œuvre, on les replie en quelques secondes avant le décollage et on les glisse dans la sellette.

Quel est ton plus beau vol ?

C’est clairement quand j’étais au sommet du Mont-Blanc. C’était une journée incroyable comme il en arrive peu, avec plein de copains. On a démarré de Plan Pra à 2000 m et on est arrivé à prendre les bons thermiques, passer le Col de Miage, pour atteindre les 5800 m d’altitude et pouvoir se poser au haut du Mont-Blanc avec 150 parapentistes.
Atteindre ce sommet sans aucun effort, juste porter par les courants ascendants créés par le soleil, c’est vraiment un moment qui restera gravé dans ma mémoire.

Je pense aussi à un autre vol de 263 km au départ de chez moi, à St Hilaire du Touvet => Mont Aiguille => Tournette => Grand Arc et toutes les faces de Belledonne pour se poser 10h plus tard au point de départ, à St Hilaire du Touvet.

Et un autre vol dans les Ecrins, en partant de Vallouise, survolé la Meije, la grande Barre des Ecrins…

Tu pratiques le hike & fly itinérant, où finalement le parapente devient un moyen de locomotion pour enjamber les horizons et voyager sur plusieurs jours. Peux-tu nous en dire plus ?

Il m’arrive effectivement de faire des vols rando ou vols bivouac sur plusieurs jours.

L’été 2019, j’ai décollé près de Monaco pour rejoindre Salzbourg en Autriche, soit plus 1000 km (l’exact sens inverse de la Red Bull X-Alps). J’ai réussi à faire le parcours en 8 jours environ. J’avais la chance d’avoir quelqu’un qui me suivait et qui pouvait me donner un vélo quand les conditions n’étaient pas favorables.

J’ai aussi fait la Traversée des Alpes, c’était une aventure incroyable. J’en ai profité pour embarquer des capteurs de pollution pour mesurer la qualité de l’air, sensibiliser à cette thématique, organiser des vols biplaces avec des interviews en vol… Ça a fait l’objet d’une série de documentaires diffusés sur Ushuaia TV.

Je fais aussi des vols bivouacs sur deux jours au départ de chez moi : je traverse la Chartreuse, les Bauges… avec une nuit de bivouac et un retour le lendemain. J’aime bien faire ces vols rando en biplace avec ma compagne. C’est sympa, on peut se partager « la conduite », on peut parler pendant le vol et partager ses émotions.

Et je prévois prochainement une traversée des Pyrénées.

Ce qui est formidable en vol bivouac, c’est que, quand on part le matin, on ne sait pas du tout où on va atterrir le soir. On peut atterrir à 10 km comme à 300 km de l’objectif !

Mais attention, ces vols sont très engagés en termes de conditions : beaucoup de vent, turbulences, orages… On peut finir limite en hypothermie.

Ta passion pour le parapente, tu en fais également ton métier puisque tu es scientifique, explorateur et que tu as transformé ton parapente en laboratoire volant. Tu profites de tes vols pour prendre des mesures de la qualité de l’air dans les endroits les plus reculés. Racontes-nous !

L’idée du parapente c’est aussi de permettre de réaliser des documentaires, pour mêler le parapente, la découverte des beaux paysages et l’apport de solutions pour accélérer la transition écologique et sociale. 

En parapente, on est très proche de la nature. On la voit vivre, on la voit évoluer, on la voit subir des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, on voit les glaciers fondre, on voit les éboulements de terrains… On est directement dans ce milieu qui change et on a vraiment la volonté de changer les choses.

L’idée de ces documentaires est mettre en lumière des personnes qui agissent et d’apporter des solutions concrètes. A la fin, on veut que les téléspectateurs voient les actions qui sont déjà faites et qu’ils se disent qu’ils peuvent agir eux aussi. On les oriente sur le site Ilfautsauver.org http://ilfautsauver.org/ , le « Marmiton de la transition écologique », pour leur donner des recettes, des solutions facilement applicables.

http://nicolasplain.fr/
Documentaires « Il faut sauver » les Alpes – la Provence – les Volcans d’Auvergne.

Propos recueillis par Aurélie Joubin le 21 janvier 2022

Nicolas Plain  Nicolas Plain en parapente

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